Du "pourquoi" du problème au "comment en sortir ici et maintenant"

Si les analyses et les « thérapies analytiques » inspirées par Freud cherchent à comprendre les causes passées et « pourquoi » les choses sont ce qu’elles sont, les thérapies issues de l’École de Palo Alto et du travail de Milton Erickson (hypnose ericksonienne), cherchent à comprendre le « comment – présent ». Elles utilisent les ressources du patient ici et maintenant. Par cette orientation du travail et du langage vers les solutions, l’idée centrale est de tout faire pour que le patient se réapproprie son pouvoir sur sa vie et reprenne confiance en ses capacités.

L’art de guérir se définit comme l’établissement d’un diagnostic et le choix d’un traitement. Celui-ci est le plus souvent mais non exclusivement médicamenteux. La thérapie brève va tenter d’y voir une interaction entre un problème (des faits qualifiés tels, sur base d’une souffrance), des ressources internes et externes de la personne, des exceptions à ce problème, et un objectif vu comme un état désiré, lequel permettra lui-même d’en désirer d’autres…

PLURIELLES pour cinq modèles intégrés : thérapie stratégique (Palo Alto), thérapie orientée solution (de Shazer), hypnothérapie (Erickson), thérapie narrative (White), et thérapie de l'ESPT (MAP au-delà de l'EMDR, Shapiro).

Une thérapie n’est pas une analyse

La thérapie, c’est le soin. Etre thérapeute, c’est soigner.

La connaissance du supposé pourquoi passé n’est ni nécessaire ni suffisante pour changer. Les hypothèses des analyses (y compris de l’analyse systémique d’ailleurs) ont un côté déterministe. Vraies ou fausses, la seule chose qui compte sera l’usage - utile ou destructeur - qui en sera fait.

Le modèle se voudra non normatif, quittera les classiques de la psychopathologie pour ne parler que de problèmes et de solutions.

La brièveté

Les thérapies « brèves » sont une traduction de l’anglais « to brief » qui définit un accompagnement thérapeutique « orienté vers un objectif concret ». Les thérapies brèves sont évidemment plus courtes que les thérapies longues. Le caractère plus rapide est une conséquence de la stratégie thérapeutique focalisée sur l'objectif et de l’efficacité des outils centrés sur le travail de l’inconscient qui est un accélérateur de changement.

L’expression « time sensitive » nous paraît la plus adéquate. Elle correspond à l’idée anglo-saxonne « Keep eyes on the ball ». Pourquoi sommes-nous là ? Quel est l’objectif ? Ce que nous faisons concourt-il à l’objectif ? Ce sont des questions à nous poser à tout moment. C’est la raison pour laquelle nous parlerons de « thérapie focalisée, ciblée » et de « thérapie stratégique » : nous partons d’un problème (concret) et nous visons un objectif, une solution (concrète). Le chemin entre ces deux points est une stratégie. En santé mentale, toutes pathologies confondues, 85% des situations nécessitent moins de 9 séances en moyenne.

La systémique : une vision interactionnelle

Le thérapeute bref systémicien s’attachera à comprendre les situations cliniques sous l’angle de l’interaction : interaction entre personnes, groupes et événements de vie. Il observera comment, sous l’apparence de faits différents par leurs contextes, se répètent des mêmes jeux interactionnels. Comment malgré des efforts répétés pour bien faire, une personne s’embourbe dans son problème comme dans l’ornière d’un paradoxe.

Définir le cadre et la mission

Comme dans tout travail de relation d’aide, il est important de définir d’abord le cadre et la mission. Cela n’a rien de spécifique à notre modèle mais ne peut être ignoré.

Si je suis infirmier, quel est mon cadre de travail ? Quel est mon mandat ? Suis-je consulté librement ou dans le cadre d’une astreinte, judiciaire ou autre ?

Si je suis psychiatre, quel est mon cadre ? Quel est mon mandat ?

Quelle est ma marge de manœuvre ? Mon intervention s’adresse-t-elle à une personne ou à la famille ? La famille, c’est qui ? Où commence-t-elle et où finit-elle ? À qui allons-nous proposer de participer à notre travail ?

Sommes-nous là pour que le patient change ?

Non, seulement pour qu’il choisisse. François Roustang dit dans « Savoir attendre pour que la vie change » (2006) : « Le thérapeute doit être indifférent au résultat et s’attendre tout aussi bien à un échec qu’à un succès de la cure. Sinon, il prendrait la place du patient et se livrerait à un forçage irrespectueux et inefficace. Le patient doit toujours pouvoir renoncer à guérir de son mal-être si cela lui chante ». Une fois fait le choix de changer, alors s’établit avec le thérapeute un mandat circulaire : le patient donne mandat au thérapeute de l’aider vers tel état désiré, tel objectif. En retour et circulairement, le patient aidera le thérapeute à l’aider. L’expert c’est le patient !

L’alliance prime sur les outils

L’alliance c’est un objectif défini et partagé, pas de séduction réciproque. Etre bienveillant ne veut pas dire être bien vu. C'est que Olivier Cottencin résume.

Une thérapie active, utilisant ce que le patient apporte

Faire comprendre au patient son rôle d’acteur dans la persistance de son problème – et donc dans sa solution ! – lui fera quitter l’impuissance apprise – l’inhibition de l’action – pour le remettre en action lui rendant ainsi l’espoir !

Créer des solutions différentes

Élargir l’éventail de solutions du patient, le suivre dans son choix de solution (plutôt que lui imposer le nôtre), lui permettre un réel apprentissage par des tâches d’action, tels seront quelques maîtres-mots de la construction de solutions nouvelles.